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"Ne doutez jamais qu'un petit groupe de gens réfléchis et engagés puisse changer le monde. En fait, c'est toujours comme cela que ça s'est passé." Margaret Mead

13/11/20

Récemment une demande émanant d'un particulier pour l'installation d'une nouvelle antenne 4G sur un terrain privé a été déposé en mairie. Cette antenne aurait vocation a recevoir à terme des équipements 5G. Outre le fait que le terrain en question se situe sur l'un des plus beaux hameaux de notre commune, de nombreuses questions se posent tant en termes sanitaire, qu'économique ou environnemental. Prenons les choses dans l'ordre.

La question sanitaire

Bien que cette question soit très médiatisée, il n'existe malheureusement pas de consensus scientifique sur l'innocuité des ondes électro-magnétiques sur les humains. Il existe de nombreuses études sur les effets des ondes sur le corps humain, mais le fait de l'empilement des technologies et des longueurs d'ondes n'est pas considéré. Un principe de précaution semble être de mise, c'est ce qui prévaut pour les écoles ou les crèches autour desquelles les opérateurs ont des contraintes très fortes sur un rayon de 100m nous dit le ministère de la Transition écologique et solidaire. Certes pas d'école sur le hameau de Graves, mais des assistantes maternelles qui voient leur activité professionnelle fortement menacée par cette installation d'antenne. Certains enfants sont gardés toute la journée et les parents voient d'un mauvais œil cette nouvelle.

La question économique

Les nouvelles technologies, c'est mon boulot depuis 20 ans et je fais beaucoup de veille dans ce domaine pour me tenir informé des avancées technologiques et des débouchés possibles. Et là, eh bien, c'est trèèèès vague. On va inventer des choses extraordinaires qui n'étaient pas possibles avant mais quand on essaie de rentrer dans les détails, en gros, c'est ce qu'on fait actuellement, on pourra le faire plus vite. N'est-ce pas précisément le propos de la fibre qui est en cours d'installation sur la commune ? Plus d'entreprises s'installeront-elles sur notre commune parce qu'il y aura la 5G ? Non, la 5G est une technologie de téléphonie et nos ordinateurs de bureaux sont plutôt branchés à un réseau filaire ou wifi qui n'a aucun rapport avec le réseau mobile.

La question environnementale

C'est un sujet qui peine à se faire entendre alors qu'il est primordial. Le numérique est une ressource critique, non renouvelable et épuisée d'ici une ou deux générations. Eh oui, beaucoup d'entre nous verrons sans doute la fin de l'ère numérique telle que nous la connaissons aujourd'hui. La fabrication des équipements électriques et électroniques (EEE) est hyper consommatrice en plein de ressources qui s'épuisent à très grande vitesse. Le recyclage est compliqué et les métaux qui en sont retirés sont de qualité insuffisante pour être réutilisés dans les chaînes de production. Les éventuelles avancées technologiques (ordinateurs quantiques notamment) sont peut-être prometteuses, mais le temps nécessaire à une telle innovation est bien long et nous risquons d'être à court de ressources avant d'en voir débarquer dans les enseignes grand public. L'empreinte écologique du numérique se concentre en très grande partie sur nos terminaux (smartphones, écrans, ordinateurs) et notamment à l'étape de fabrication. L'ordinateur le plus vert est celui qu'on ne fabrique pas. Or, le déploiement de la 5G va nous engager justement à changer nos terminaux... aïe...

 

En synthèse

Le programme informatique qui a envoyé l'homme sur la lune en 1969 pesait 70ko, c'est environ le poids d'un mail aujourd'hui. En 30 ans la durée de vie des terminaux a été divisée par 3 et le taux d'équipement, multiplié par 6. En 15 ans nos logiciels courants utilisent 114 fois plus de mémoire pour faire peu ou prou la même chose... 114 FOIS PLUS de mémoire entre office 97 et office 2013 ! Le temps est venu, me semble-t-il, pour revoir notre copie et mettre le plus de chance de notre côté pour utiliser au mieux cet outil formidable qu'est le numérique. Les solutions existent, elles s'appellent, entre autres, le réemploi des terminaux ou l'écoconception des logiciels et elles peuvent être des leviers formidables de croissance économique, réellement au service de l'ensemble de la population et sur plusieurs générations. Nous avons la chance d'avoir en France les experts mondiaux du numérique responsable (cocoricoooo), des experts de longue date aux méthodes rigoureuses (iso 14040, 14044, 14062...), si vous voulez en savoir plus : https://www.greenit.fr/ressources/

 

Membre du collectif, ancien développeur et directeur technique en agence de communication numérique, expert en numérique responsable.

La Convention européenne du paysage, adoptée le 20 octobre 2000, est un traité du Conseil de l’Europe, visant à mieux prendre en compte et protéger les paysages. Elle encourage la mise en place d'Atlas du paysage. Un Atlas régional a ainsi été créée pour la région Auvergne Rhône Alpes.

Suivant ce dernier, notre territoire est classé dans la catégorie paysages ruraux-patrimoniaux.

 

Parmi les objectifs qui en découlent pour les politiques publiques il y a :

- Identifier les caractéristiques identitaires fortes (trames paysagères, architecture, petit patrimoine...) en vue de leur préservation

- Soutenir les actions spécifiques de reconquête de paysages patrimoniaux (terrasses, bocages, vignes...),

- Développer une multifonctionnalité alliant la production et le tourisme (vente directe, artisanat local...)(Avouons qu'avec une antenne ça le fait quand même beaucoup moins bien...)

 

Et à la liste des moyens recensés l'on peut trouver :

- Plans et chartes de paysage,

- Zones agricoles protégées (ZAP),

- Volet paysager des chartes et contrats de pays,

- Renforcement de la prise en compte des paysages dans les PLU par des prescriptions paysagères et architecturales fines adaptées au contexte patrimonial local,

- Mise en place pour les villages remarquables d’outils spécifiques de gestion et de mise en valeur du patrimoine bâti : ZPPAUP (remplacé depuis 2016 par Site patrimonial remarquable), OPAH....,

- Actions culturelles de valorisation des paysages et du patrimoine : information locale, inscription dans les guides, routes à thèmes, etc,

- Actions de conseil architectural et paysager en amont de tous travaux (CAUE, paysagistes,architectes-urbanistes).

 

Bref si la volonté communale suit, il est possible de tenter de mettre en place beaucoup de chose sur le hameau de Graves en particulier et plus largement sur la commune... tant que les constructions nouvelles ne viennent pas rendre impossible toute préservation historique et paysagère.

La question est et reste : que voulons nous ?

Un monde avec plus de machines pour remplacer l'irremplaçable travail et œil humain comme comme cela nous est vendu grâce aux merveilles technologiques, avec la promesse d'outils nous permettant d'acheter toujours plus vite et partout ce que ces mêmes outils jugeront bon pour nous, des livraisons par drones ou encore la voiture autonome de l'individu lambda que l'on nous promet sachant très bien qu'elle ne sera destinée qu'à une infime proportion de déjà très riches ? Oui... sauf que rien de cela n'est viable. Les inégalités s'accroissent et cette utopie du tout robot serait possible (je n'ai pas dis enviable) dans un monde aux ressources infinies. Cela j'espère n'est plus à démontrer : non ce n'est pas le cas !

Les temps changent, nous prenons de plus en plus conscience de l'impact de notre mode de vie tant au niveau social, environnemental qu'économique. Si la commune veut poser des actes forts allant dans le sens d'un changement plus cohérent, en accord avec les préoccupations d'un nombre grandissant d'individus de par le monde entier : c'est le moment !

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